La Fédération Internationale de la Robotique (en anglais, International Federation of Robotics, ou IFR), a récemment publié un rapport sur la progression de l’automatisation des économies, calculée par la proportion de robots et cobots par travailleur humain dans les pays. Un rapport qui pointe une progression notable au niveau mondial à 74 unités de robots pour 10 000 employés en 2017. La France fait hélas figure de mauvais élève.
Junji Tsuda, président de la Fédération Internationale de la Robotique, avait commenté les résultats de l’étude. « La densité de robots est un excellent outil de comparaison qui permet de prendre en compte les différents degrés d’automatisation de l’industrie manufacturière dans différents pays ».
La moyenne mondiale s’élève en 2017 à 74 robots et cobots (robots collaboratifs) pour 10 000 employés. A titre de comparaison, elle était de 28 robots pour 10 000 employés en 2013, et de 68 robots par employés en 2016. Par région, elle est de 99 robots en Europe, 84 sur le continent américain et 63 en Asie.
Une moyenne qui peut sembler relativement basse mais qui n’est toutefois pas représentative, à cause des profondes disparités entre pays. Ainsi, la Corée du Sud possède 631 robots pour 10 000 employés, soit 8 fois plus que la moyenne mondiale, et 2 fois plus que l’Allemagne, troisième du classement (309 robots pour 10 000 employés).
La France se positionne au 18ème rang mondial avec 132 robots pour 10.000 employés. Elle est au-dessus de la moyenne mondiale, mais encore loin derrière la plupart des autres pays européens comme la Suède (223 unités), le Danemark (211 unités), l’Italie (185 unités) ou encore l’Espagne (160 unités).
Si la progression de la robotisation en France reste constante (augmentation de 10% du nombre d’installations de robots en moyenne chaque année), elle est toujours insuffisante et indigne de son rang de 6ème puissance économique mondiale. Le pays perd chaque année des places au classement mondial (14ème rang l’année dernière). Or, la robotisation permet une productivité bien supérieure et avec l’essor de la cobotique, peut maintenant toucher des secteurs autrefois impossibles à automatiser. Les pays s’étant lancés tôt dans la robotisation auront un avantage conséquent sur ceux encore en retard. Il est temps que la France rattrape son retard et se lance dans l’industrie du futur !
On estime aujourd’hui que plus de 1,7 millions de nouveaux robots et cobots industriels devraient équiper les sites de production à horizon 2020. Ce nombre devrait évoluer de manière exponentielle dans le futur car si l’automatisation concerne surtout les grands groupes, bientôt, elle concernera également les entreprises de taille inférieure, qui pourront s’adjoindre les services de robots collaboratifs : accessibles, flexibles, facilement programmable et peu couteux. La cobotique, qui qualifie des robots avec lesquels l’Homme travaille côte à côte, en toute sécurité, permet d’automatiser rapidement et facilement des lignes de montage aux tâches répétitives et aux risques de Troubles musculosquelettiques (TMS) importants.
L’ajout continuel de machines pèsera toutefois sur les réseaux et créera de nouvelles problématiques, notamment au niveau du Big Data.
Globalement, « l’industrie 4.0 – qui vise à relier usine réelle et réalité virtuelle – jouera un rôle de plus en plus important dans la fabrication mondiale », avait affirmé l’IFR dans son rapport 2017.
Heureusement, en France, selon une étude menée par le salon Industries 2018, la position des Français envers l’industrie du futur est plutôt positive. 64 % d’entre eux jugent l’industrie française très ou assez avancée pour aller vers l’usine du futur. Ils ne se font toutefois pas d’illusions : si 89% sont heureux de l’apparition de nouveaux métiers, ils sont 74% à s’attendre à la disparition d’autres.
Le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) estimait en 2016 que moins de 10% des emplois risquaient de disparaître en France comme dans d'autres pays de l'OCDE, du fait de l'automatisation, de la robotisation et de la numérisation. A titre d’exemple, l’Allemagne, qui, on a pu le voir précédemment, a presque 3 fois plus de robots pour 10 000 employés, par rapport à la France, compte moins de chômeurs.
Les Français sont plus enclins à voir dans cette modernisation une complémentarité homme/robot (75 %) qu’un remplacement de l’homme par le robot (46 %). Bénéfices attendus : de meilleures conditions de travail (7 5%) et des métiers plus valorisants (73 %). Dans l’ensemble, plus de 6 Français sur 10 estiment que la transformation de l’industrie vers l’usine du futur est globalement positive.
Autre preuve que la France est entrée dans cette nouvelle ère, des initiatives ont été lancées, comme l’"Industrie du Futur" dont le bilan en avril 2016 était de 4100 entreprises accompagnées dans des initiatives de modernisation de leur outil productif, pour 8000 potentiellement concernées. Ou encore le lancement d’un plan « France Robots Initiatives » visant à soutenir la filière robotique. Ainsi que le lancement de nombreux salons comme Innorobo pour faire évoluer les mentalités et rattraper le retard accumulé pendant des années par la France, avec la présentation de robots aux professionnels et particuliers français.
Une récente étude du cabinet Technavio affirmait que le marché mondial des robots collaboratifs, devrait suivre un taux de croissance annuel moyen (CAGR) de plus de 60% de 2017 à 2021 et pourrait atteindre à la fin de cette période 2,1 milliards de dollars. Cela illustre bien la place qu’occupe déjà la cobotique dans l’industrie mondiale.
La robotique collaborative a cela de pratique qu’elle profite énormément des progrès technologiques et bénéficie ainsi, aujourd’hui déjà, de nombreuses applications, comme des caméras connectées, des capteurs, des pinces ou d’autres outils. Ce sont ces outils et fonctionnalités qui feront véritablement entrer l’industrie française dans une ère nouvelle. Il n’appartient qu’aux acteurs celle-ci d’y prendre part.