Se lancer dans la cobotique : Par où commencer ?
Cela fait dix ans que les robots collaboratifs sont apparus sur les sites industriels. À l’origine, les cobots étaient considérés comme une expérience de laboratoire, une curiosité. Les fabricants en achetaient un ou deux et les envoyaient dans leurs centres d'innovation pour des tests, sans jamais les utiliser sur les lignes de production. Aujourd’hui, les cobots opèrent dans de nombreux secteurs industriels, partout dans le monde.
Pour les TPE et PME industrielles, qui ne disposent pas d'une armée d'ingénieurs en automatisation ni des moyens d’en recruter, les cobots sont un rêve devenu réalité : l’automatisation à la portée de tous. En effet, les TPE/PME sont très sensibles aux pénuries de main-d'œuvre, à la volatilité économique et font face à une concurrence mondiale de plus en plus acharnée. La possibilité d’intégrer et de programmer des cobots sans investissements majeurs en temps, en talent et en argent est une véritable aubaine pour nombre d’entre elles.
De nombreuses entreprises nous demandent fréquemment comment se lancer dans la cobotique ? Évidemment, chaque entreprise est différente, avec ses propres points forts, difficultés et particularités. Cependant, il y a toutefois quelques recommandations usuelles qui s’appliquent à toutes. La première chose à faire, c’est d’observer vos employés et de voir comment ils travaillent. Ces points d’analyse vous permettront d’identifier quelles sont les tâches qui peuvent facilement être automatiser avec les cobots.
Identifiez les tâches qui prennent du temps dans leur processus d’exécution
À chaque fois qu'une personne attend qu'un processus soit terminé avant de passer à l'étape suivante, c'est du temps et de l'argent gaspillés.
BW Industries, anciennement Boog, est une entreprise spécialisée dans la production de petites séries de petites pièces de fraisage, tournage et usinage. Elle faisait face à des interruptions mineures dans ses processus de fabrication dûes à la nécessité pour les opérateurs de surveiller les machines et de les approvisionner. Les cobots UR5, s’occupent à présent de cette tâche de chargement/déchargement pour les opérateurs, qui peuvent davantage se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée. BW Industries a ainsi amélioré sa productivité en fluidifiant son processus de production.
Quelles tâches sont beaucoup trop simples pour qu’un opérateur y perde du temps ?
Pensez aux tâches les plus communes. Mettre des composants dans une boîte, s'occuper d'une machine à commande numérique, transférer des pièces d'une ligne à une autre, insérer des vis, empaqueter un produit. Si un cobot peut s’en occuper, pourquoi ne pas permettre à votre employé de se charger chargé de tâches bien plus intéressantes ?
Nichrominox, une entreprise spécialisée dans la production d’accessoires de stérilisation de dentistes, faisait face à la concurrence de pays ayant un coût de main-d’œuvre plus faible. L’entreprise a donc recouru à des cobots pour aider les opérateurs à exécuter les tâches les plus pénibles et les plus simples de la chaîne de fabrication comme par exemple le poinçonnage. Dès lors, elle a su améliorer la santé de ses salariés et réduire la pénibilité au travail.
QUELLES SONT LES TÂCHES QUI PEUVENT ÊTRE DISSOCIÉES OU QUI COMPORTENT DE NOMBREUSES SOUS-TÂCHES ?
Plusieurs fois, il a été observé des situations où l’assemblage d’une pièce se faisait en une succession d’étapes subdivisées, afin de rendre le travail moins ennuyant. Le fait est qu’une suite de tâches ennuyeuses… restent ennuyeuses.
Pour celles et ceux qui se demandent par où commencer avec l’automatisation de leurs processus, la réponse est simple : il s’agit des activités où l’opérateur n’a qu’une ou deux choses à faire.
Contrairement aux êtres humains, les robots utilisent des "outils de bout de bras" (techniquement, des préhenseurs), qui les rendent extrêmement flexibles pour accomplir une ou deux tâches spécifiques. Ils le font d’ailleurs sans s’ennuyer et avec une efficacité optimale. Bien entendu, un robot collaboratif peut opérer sur une activité plus complexe avec de nombreuses sous-opérations variées mais cela est plus cher et plus complexe.
Sortir une pièce d'une machine et l'inspecter, est le plus bel exemple d’une tâche en deux étapes.
Sur le site de Sochaux du groupe PSA, des cobots UR10 travaillent aux côtés des opérateurs sur une ligne de montage en marche. La tâche de vissage des opérateurs a été simplifiée grâce au cobot, qui s’occupe de visser les parties inférieures du véhicule, difficiles et fatigantes à atteindre par les employés. Ainsi, rien qu’en automatisant une seule sous-tâche simple, PSA a amélioré la conformité de ses véhicules de 10% et a grandement facilité le quotidien de ses opérateurs.
Quels employés ne sourient PAS ?
Si l'expression ou le langage corporel d'une personne reflète l'ennui, la frustration ou l'apathie, il y a fort à parier que son plein potentiel n’est pas bien exploité. Les cobots sont faits pour s’occuper des activités que les opérateurs ne souhaitent pas exécuter, en raison des troubles psychologiques et/ou physiques engendrés. Récemment, l’UR16e, spécialisé dans le transport de charges lourdes, a permis aux entreprises d’étendre la variété des processus pour lesquels les cobots peuvent être utilisés.
L’automatisation de lignes de conditionnement avec des cobots UR10, capables de porter jusqu’à 10 kilos, a permis à SANOFI, sur son site de Tours, d’améliorer la vitesse et la qualité de sa production, tout en réduisant les TMS de ses opérateurs. Cela avec un retour sur investissement de seulement 24 mois.
QUE FAIT LA PERSONNE AVEC SES MAINS ?
Les mains humaines sont des outils incroyables, capables d’accomplir une grande variété de tâches complexes. Les robots n'ont pas cette chance. Pour travailler, ils utilisent des ventouses ou des pinces pour saisir une pièce comme nous pouvons tenir un verre d'eau. Si la tâche exige une grande dextérité des doigts, il n’est peut-être pas approprié de l’automatiser avec un cobot. Du moins, lorsque votre entreprise débute encore en cobotique.
À l’hôpital universitaire de Gentofte, des robots collaboratifs sont utilisés en laboratoire par les chercheurs pour manipuler avec précision et précaution des échantillons. Cela leur permet de se livrer à leurs analyses. Une tâche simple en apparence mais qui, une fois automatisée, a permis de traiter 20% d’échantillons en plus, en laissant aux opérateurs du temps pour des tâches plus compliquées.
Les cobots ont beaucoup à offrir. Si vous vous demandez comment l'automatisation peut vous aider à augmenter votre productivité, à améliorer la qualité de vos produits et à réduire les coûts, commencez par parcourir vos ateliers de production et observez vos employés au travail. C’est la meilleure façon de voir par où commencer, soyez-en sûr(s).
Que voyez-vous lorsque vous observez les employés ? Quels types de tâches seraient plus appropriées entre les « mains » d’un cobot ?
Que vous souhaitiez développer un projet d’automatisation ou que vous y songiez seulement, tous nos experts se tiennent à votre disposition pour toutes questions (installation, évaluation des risques, mode de financement…).
Adrien Poinssot
Adrien Poinssot. Directeur commercial Universal Robots France Ingénieur ICAM de formation, ce passionné de technique et d’aventure industrielle pilote l’antenne française d’Universal Robots, le leader mondial de la cobotique industrielle. Adrien œuvre depuis 10ans sur les sujets de l’industrie française de demain : la transition énergétique, la compétitivité et la valorisation des compétences. En 2010 il intègre comme référent technique l’équipe Tournaire. Le but : (re)localiser en France la fabrication de panneaux photovoltaïques. Convaincu par le rôle clé de l’opérateur au centre de la production, il poursuit ensuite des projets de gain de productivité, utilisant les outils du Lean Manufacturing et du Management Collaboratif. En 2013, il anime le projet « 25 robots et 15 caméras au service de 51 savoir-faire » dans une PME française bicentenaire. Il rejoint Universal Robots fin 2015, déterminé à partager sa vision du cobot comme une des technologies clés de l’industrialisation Française.
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