Lorsqu’un nouveau collaborateur est recruté, la première chose que ses collègues lui demandent généralement, c’est son nom. Après tout, ils seront amenés à travailler ensemble de manière étroite, souvent côte à côte, à se partager les tâches et à collaborer pour atteindre les objectifs de l’entreprise.
Ce n’est pas parce que la nouvelle recrue est une machine qu’il devrait en être autrement.
Au début, certains employés pourront se montrer dubitatifs face à l’intégration d’un robot collaboratif. Ils redouteront que ce dernier ne les remplace, craindront pour leur sécurité ou encore se demanderont s’ils possèdent les compétences techniques requises pour faire fonctionner cette machine d’un nouveau genre. Mais ce que nos clients nous disent le plus souvent, c’est que ces appréhensions se dissipent très vite. Et dans de nombreux cas, les charmants collègues du « petit nouveau » dans l’atelier de production lui attribueront même un nom.
Matt Bush, directeur de l’exploitation chez Hirebotics, pionnier de la location de robots, recommande vivement d’attribuer un nom aux nouveaux cobots. Soulignant le rôle fondamental des collaborateurs dans le succès de toute initiative d’automatisation, il fournit des conseils aux entreprises pour faciliter la transition et apaiser les inquiétudes du personnel. Des noms de robot tels que Johnny 5 (d’après le film Short Circuit sorti en 1986) ou HAL 9000 (tiré du film 2001 : l’odyssée de l’espace) sont peut-être les premiers qui viennent à l’esprit, mais lors de ses présentations et entretiens, Matt Bush encourage les employés à faire preuve de créativité.
Waldo déployé dans un prototype d’application chez SFEG. Ce robot monté sur roulettes peut facilement disparaître pour ressurgir à un autre endroit de l’atelier, entouré d’employés.
Basée dans le Tennessee, aux États-Unis, la société Scott Fetzer Electrical Group (SFEG) fabrique toute une gamme de composants et de moteurs électriques. Lorsque le premier robot UR5 a intégré SFEG, il a rapidement été surnommé « Waldo » d’après la célèbre série de livres-jeux pour enfants Where’s Waldo ? (parue en France sous le titre Où est Charlie ?), dans laquelle le sympathique Waldo passe son temps à apparaître dans des lieux différents parmi une foule d’autres personnages.
Monté sur un socle muni de roulettes pour faciliter le déplacement, le cobot Waldo peut accomplir un large éventail de tâches sur pratiquement tous les postes de l’atelier de production. Un jour il plie du métal en feuille, le lendemain il effectue des tâches de « pick and place », et le surlendemain SFEG le fait participer à la journée « Manufacturing Day » au lycée local. Waldo s’est même vu offrir un T-shirt rayé rouge et blanc semblable à celui que porte son homonyme dans les livres.
En plus de Waldo, deux cobots travaillant en tandem ont été surnommés, pour la plaisanterie, Thelma et Louise en raison des craintes initiales des employés de voir les robots les « pousser vers le précipice ». « Lorsque les robots ont fait leur première apparition dans l’atelier, les employés étaient très inquiets à l’idée qu’ils puissent prendre leur place », explique Sebrina Thompson, responsable de ligne. « Mais les robots réalisent aujourd’hui de nombreuses tâches fastidieuses, ce qui nous permet de nous concentrer sur des opérations plus complexes. Mes collègues se demandent constamment où placer de nouveaux robots ».
Le film culte « Thelma et Louise », dans lequel les deux héroïnes finissent par se jeter du haut d’un précipice à bord de leur voiture, a inspiré le nom de deux nouveaux robots d’Universal Robots chez SFEG, à Nashville, où les employés pensaient qu’avec l’arrivée de leurs collègues cobots, leurs jours étaient comptés. Mais chez SFEG, le scénario a été tout autre.
L’entreprise néo-zélandaise ASSA ABLOY fait partie du groupe international ASSA ABLOY spécialisé dans les solutions d’ouverture de porte, dont les serrures et les commandes d’accès. Lorsque le robot UR5 a été introduit, l’équipe en charge des corps de serrure a organisé un concours pour lui trouver un nom. C’est ainsi que le robot a été baptisé Victoria. « De cette façon, Victoria est devenue l’une des nôtres. Nous la considérons comme une collègue à part entière », indique Marc Simkin, responsable ingénierie de fabrication chez ASSA ABLOY NZ.
Avant l’arrivée de Victoria, le personnel de montage des serrures était remplacé toutes les deux heures en raison des mouvements répétitifs des poignets et des épaules. En automatisant la dernière étape de la chaîne de production des corps de serrure, Victoria a évité aux opérateurs bon nombre de risques professionnels. Elle leur a aussi permis d’endosser de nouveaux rôles axés sur le contrôle de la qualité et des processus au niveau de l’approvisionnement des matériaux. « Nous sommes très heureux de voir à quel point l’équipe est fière des nouvelles compétences qu’elle a développées grâce à l’utilisation de Victoria. Les employés permanents forment le personnel temporaire au fonctionnement de Victoria », déclare Mataio Goding, responsable de la production chez ASSA ABLOY NZ.
L’équipe néo-zélandaise ASSA ABLOY avec sa nouvelle collègue Victoria qui se charge des tâches répétitives les plus fastidieuses.
L’automobile est un secteur fortement automatisé qui utilise de grands robots industriels traditionnels. C’est néanmoins avec une certaine appréhension que le nouveau cobot destiné à automatiser des processus de montage généralement manuels a été accueilli. Deuxième constructeur automobile européen, le Groupe PSA a installé son premier robot collaboratif sur son site de Sochaux dans le cadre de son « Projet Usine du Futur ». Le Groupe PSA avait certes une longue expérience de la robotique, mais a malgré tout été impressionné par la vitesse de déploiement de ce cobot facile à utiliser. Comme le dit Maryline Bianchi, opératrice au sein du Groupe PSA : « Je me suis tellement habituée à travailler avec le robot que, maintenant, l’équipe l’appelle Junior ! ».
Maryline Bianchi, Groupe PSA France, avec son nouveau collègue « Junior » qui lui épargne désormais de nombreuses tâches exigeant des flexions du dos.
Avec près de 25 000 robots Universal Robots déployés à travers le monde, nous sommes certains qu’il existe de nombreux autres noms originaux. Quel nom avez-vous donné à votre robot ?